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Foire nationale de Doyiwé

Le REDAD s’emploie à redonner vie au Doyiwé

Foire nationale de Doyiwé: Le REDAD s’emploie à redonner vie au Doyiwé

Confiant du manque à gagner de son absence sur le marché et sa rareté dans les plats, le consortium constitué de chercheurs, organisations non gouvernementale opérant dans le secteur agricole et acteurs de la chaîne de production, a décidé de faire renaître le Doyiwé. Une foire de valorisation et de présentation des résultats de recherche s’est déroulée le 5 mars 2020 à Tokégon dans la commune de Djidja.

Exposition de Doyiwé par les productrices et producteurs – ©SOJAGNON

 Dans le but de redonner vie à la lentille de terre menacée de disparition, le réseau de développement d’agriculture durable (REDAD) à travers le projet Doyiwé dans un consortium avec les chercheurs s’est lancé dans la résurrection de ce produit. Un projet soutenu par le gouvernement Hollandais à travers l’organisation Néerlandaise pour la recherche. Selon le professeur Vodounhè, Spécialiste en reproduction des cultures rares en disparition, « Il y a un certain nombre d’espèces négligées sur lesquelles la recherche travaille depuis des années. Doyiwé fait partir de ces espèces qui étaient bien cultivés avant et aujourd’hui tant à disparaître ». Il signale que « Nous sommes actuellement en train de faire donc sa promotion ». « On a commencé d’abord par collectionner tous les échantillons cultivés au niveau national puis au niveau régional. On a ensuite procédé à la sélection pour voir ce qui répond le plus à la productivité pour la résistance aux maladies, aux insectes. On a donc retenu un certain nombre dont la semence  été produite », a-t-il expliqué. Patrice Sèwadé, coordonnateur de Sojagnon ONG, dira que « les chercheurs, les ONGs et les acteurs dans un consortium ont décidé de réfléchir sur le Doyiwé et sa production ». C’est dans ce cadre qu’ils ont à travers des recherches accompagné les producteurs afin que la production soit améliorée. Pour lui, ils ont quitté loin et ce qui se révèle aujourd’hui est que le Doyiwé a pu renaître. Il confie par ailleurs que les travaux sont toujours en cours afin de sortir les meilleurs produits avec de meilleurs rendements. Il fait savoir que leur vision est que le Doyiwé revienne comme un mets en consommation quotidienne et non celle des fêtes de fin d’année ou des cérémonies. A l’en croire, il y a encore quelques années, notamment trois ans environ, il est difficile de produire une tonne de Doyiwé par an. Avec les travaux et l’accompagnement des producteurs, le rendement a amélioré nettement. Il espère faire monter encore plus ce rendement les prochaines saisons. « Il me plait de vous dire que cette foire, bien que cela soit une fête, c’est une occasion de révéler au Bénin, en Afrique et au monde, les potentiels que regorge notre territoire », a précisé monsieur Patrice Sèwadé. Il martèle ensuite que « Si nous avons décidé de faire cette foire dans le village de Tokégon et au milieu des producteurs, c’est parce que nous avons voulu que ce produit apporte de la ressource locale, une contribution à l’économie locale ». Pour celui-ci, « Il faut que les chefs d’arrondissement, les chefs de village et les producteurs puissent prendre cela à cœur pour que nous puissions voir comment nous impactons le niveau économique de nos populations ».

Coordonnateur du projet, Martin Agboton explique le processus ayant abouti à une telle recherche. A l’entendre, le « Doyiwé est une légumineuse comptée parmi les espèces négligées et en voie de disparition ». Il fait remarquer que cette légumineuse peut contribuer à la sécurité nutritionnelle des ménages, car ses graines sèches contiennent environ 21,3% de protéines et de nombreux acides aminés essentiels tels que la lysine et la méthionine ». Pour lui, « Toutes les parties de Doyiwé sont utilisées pour l’alimentation humaine et animale et la médecine traditionnelle ». Il pense que « La culture a aussi un fort potentiel de lutte contre l’insécurité alimentaire ». Il fait savoir que « sa disponibilité est menacée par les mauvaises pratiques agronomiques et le manque de semences de qualité conduisant à un rendement faible, etc ». C’est pourquoi explique le coordonnateur que « ensemble avec les partenaires SOJAGNON (coordonnatrice), UAC/FSA-LEA, REDAD, WUR / MCB et BAIH-Sarl nous travaillons pour lever ces contraintes à travers le projet Doyiwé financé par NWO-WOTRO des Pays-Bas ». A l’en croire, « Notre ambition est de faire en sorte que le Doyiwé ne soit plus perçu comme une culture réservée aux périodes de festivité, mais consommé comme les plats traditionnels de riz, maïs, etc ».   Commencé le 1er Octobre 2018 et prend fin le 30 Septembre 2020, le projet a trois composantes. Martin Agboton souligne l’étude des préférences des consommateurs, transformateurs et agriculteurs béninois de Doyiwé et des arrangements institutionnels nécessaires pour accroître l’offre de Doyiwé, la Caractérisation de Doyiwé, et la sélection des cultivars, et l’identification des bonnes pratiques agronomiques et le Développement. Il se dit rassuré que « les travaux réalisés dans ce projet aujourd’hui nous permettent d’avoir une connaissance sur les différentes accessions disponibles, les préférences des acteurs de Doyiwé, les pratiques agronomiques et la caractérisation des accessions ».

Variétés sélectionnées de Doyiwé – ©SOJAGNON

Sélectionneur de formation, membre du consortium chercheur Dr Eric Agoï informe qu’ « On a remarqué que le Doyiwé est la légumineuse graine la plus prisée. 1 Kg de Doyiwé peut couter 1500 à 2000 francs CFA. Ça peut donc aller de 4 à 5 dollars et plus. Ça coûte plusieurs fois le prix d’un kilo de riz par exemple » Il appuie en disant que « cette culture est d’autant plus importante qu’elle n’est connue qu’au Bénin et dans les pays voisins ». « C’est une culture négligée dont le Bénin peut en faire une culture d’exportation », rappelle le chercheur. « Nous nous sommes chargés de travailler pour clarifier l’itinéraire technique pour assurer un bon rendement, développer des variétés améliorées à haut rendement avec un temps de cuisson plus ou moins réduit, des variétés qui plaisent aux producteurs, commerçants et aux consommateurs », fait savoir le chercheur. « Nous avons également identifié les différentes maladies qui embêtent la culture et nous travaillons à trouver les moyens de gestion de ces maladies afin de proposer aux producteurs, les meilleurs moyens, les meilleures techniques de production. Et si le gouvernement pourrait en faire un produit prioritaire, cette culture pourrait être promu et apportée de la devise au pays », a indiqué Dr Eric Agoï. Il rassure de ce qu’ « On a des variétés que nous allons bientôt introduit au catalogue national et dès lors qu’elles seront inscrites au catalogue national, les semences seront disponibles aux producteurs et nous aurons de meilleurs rendements. Nous rêvons que les producteurs récoltent jusqu’à deux tonnes par hectare ».

Photo de famille des acteurs du projet Doyiwé avec les producteurs – ©SOJAGNON

Il faut souligner qu’au cours de cette foire, mis à part les produits issus des recherches, et présenter par les producteurs, d’autres semences de différentes couleurs ont été présentées. Au cours de cette foire, trois producteurs ont été distingués pour leur rendement et le respect des consignes des chercheurs favorisant la suite des travaux. Le rendez-vous est donné pour l’année prochaine pour la deuxième édition.

Giscard AMOUSSOU

Ccom

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